2-2 Premières cotisations
L’aventure (voir article précédent) prit fin , quelque part dans notre région, au bord d’une route où trois hommes attendaient l’arrivée du camion pour la prise en charge de sa cargaison…... Finalement, passés les premiers moments de panique, mon oncle Boukhalfa, convaincu par son ami qu’il s’agissait vraiment d’une opération en faveur de la révolution, aida au déchargement du camion, refusa de se faire payer (quand même !), remerciant Dieu et les saints de la région pour leur protection …
Quelques jours après ( en octobre/novembre 1955 ) on vint frapper, à la porte du garage n At Kaki, situé à l’écart du village, où dormait, cette nuit-la, Dda Amar le frère de Boukhalfa (le père de mon cousin Amrane ). Les coups sur la porte et les appels de ces " visiteurs de la nuit " devenant de plus en plus forts Dda Amar demanda de l’ intérieur :
- Qui êtes-vous et que voulez-vous ?
- Ouvre la porte Boukhalfa, nous sommes des moudjahidine venus pour la collecte des cotisations.
- Je ne suis pas Boukhalfa mais son frère et je ne vous ouvrirai pas la porte.
Pendant un bon quart d’heure, alternant propos conciliants et menaces nos moudjahidine, en désespoir de cause , décidèrent d’aller chercher Boukhalfa chez lui au village, se souciant peu des désagréments qu’ils allaient occasionner aux habitants du quartier ….. En fin de compte , ce fut le grand-père Amrane qui accompagna ces "messieurs " jusqu ’au magasin. Peine perdue, Dda Amar ne voulait rien savoir malgré l’intervention de son vieux père. Ce soir-la les moudjahidine repartirent bredouilles mais avant de s’éclipser ils conseillèrent à grand-père de ne plus laisser Amar dormir au garage car ils allaient bientôt revenir pour les cotisations .
Et effectivement, ils sont revenus, trouvant cette fois-ci , Boukhalfa à la réception ..... Echanges d'amabilités ... et très vite , à la lumière de bougies, on se goinfre de buscuits secs, de gaufrettes ..., le tout arrosé de " gazouz " (crush) , ..... Une fois repus, nos visiteurs empochent les cotisations , 70.000 frs offerts par Amrane et Merzouk At Kaki... (c'était beaucoup d'argent à l'époque). Combien de personnes ou de familles, au village, ont apporté assistance à ce groupe ? On ne le saura probablement jamais . A suivre.