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Les femmes ont combattu .
par Saidouiza
Beaucoup de femmes de notre village ont participé à l’écriture de l’histoire de l’Algérie combattante . L’une d’entre elles, lorsqu’elle fut arrêtée au maquis , portait pataugas et treillis comme ses frères d’armes. Elle se donna la mort dans les geôles du camp militaire , le lendemain de son arrestation , en passant son foulard , le mendil kabyle , autour du cou , pour ne pas avoir à subir les sévices inhumains des l’interrogatoires de l’armée coloniale ….
Les militaires ramenèrent son corps au village et l’exposèrent aux yeux des femmes atterrées , réunies ( raflées comme d’habitude ) , pour les avertir de ce qui leur arriverait si jamais elles s’aventuraient , elles aussi , à aider les maquisards : « Voilà ce qui arrive aux femmes qui s’aventurent dans les oueds ! » a tenu à leur dire le chef de poste , raconte dans son blog, Claude Borrel , un ancien appelé , choqué par cette macabre démonstration . Ecoeurées , les femmes détournèrent leurs regards du corps de " la rebelle" en se voilant les yeux à l’aide de leurs mendils … L’école primaire de son village , Ighil Bouamas , porte aujourd’hui son nom et c’est la moindre des choses .

A travers les photos inédites qu’il présente sur son site, Jean Claude excite la nostalgie de Saïd . Il lui rappelle les chéchias rouges des enfants , les mendils des femmes , les figues mises à sécher sur les toits en tuiles romaines. …. ..A ses oreilles parvient une voix lointaine , une voix féminine d’une douceur sublime qui chante le mendil kabyle et ce qu’il représente comme symbole : « Donne-moi mon mendil et laisse-moi partir, c’est le mariage de mon frère , n’aie pas peur, je reviendrai. …..» ….

Photo Borrel 1960 , figues à sécher sur les toits ( Bouadnane )

Photo Borrel 1960 , enfant à la chéchia rouge .

Photo Borrel 1960 , jeune fille
Oui, les femmes ont payé un lourd tribut à la Révolution. Un obus , lâchement tiré à partir d'un poste militaire installé dans un village voisin, s’abattit, un soir d’été , sur un couple et leur fille , au moment où , en silence , ils prenaient , au seuil de leur maison, leur repas du soir. Les militaires auraient soupçonné la présence de " rebelles" dans le village lorsqu’ils aperçurent une lueur de lampe à pétrole dans la demeure de cette malheureuse petite famille . Quel prétexte fallacieux ! Ils périrent tous , le père , la mère et leur ange de petite fille .…Qu’ils reposent en paix !
Commentaire de unancien (10/12/2012 17:07) :
Entièrement d'accord avec vous l'Oranaise , les témoignages rapportés par
Said sont émouvants et reflètent malheureusement la stricte vérité . Les
jeunes doivent savoir le prix élevé payé par l'Algérie pour arracher sa
liberté . La jeune fille de la photo esr angélique comme d'ailleurs le sont
touts les filles de nos montagnes. Le "séchage" des figues , chez nous ,
se faisait sur des claies en roseau posées sur le sol , généralement dans
les champs . A bientôt .
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Commentaire de saidouiza (11/12/2012 01:27) :
Oui elle était sublime, elle était très belle la jeune fille qui avait dans
les 14 ans en 59. On était ensemble à l'école militaire installée en 59
chez nous. On a connu ensemble 3 instituteurs militaires: Christian, Paul
et Branchard (ou André comme l'appelle Borrel par son petit nom), tous
étaient des appelés.
Une fois en récréation on jouait au saute-mouton, jeu préféré des Kabyles à
l'époque, Paul s'était mis carrément en mouton et on lui sautait dessus. Et
puis subitement, sans rien comprendre, il adresse une gifle à la belle
jeune fille. Je ne peux dire qu'elle en était la raison mais je peux dire
que la fille faisait un peu trop cas de son charme, elle faisait la gâtée
ou la chouchou. Les jeunes garçons que nous étions n'avaient d'yeux que
pour elle. Si Hamid qui manipule bien l'ordinateur veut bien nous montrer
la photo militaire de classe (prise par Branchard en 60), on verra la jeune
fille tout à fait à l'arrière à gauche. On l'a reconnaîtra à coup sûr.
Voilà des bons moments de joie passés innocemment durant les atrocités de
la guerre qui nous a emporté nos parents à la fleur de l'âge.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (12/12/2012 17:05) :
Salut tout le monde . J'ai effectivement une photo de " classe " que Said
m'a fait parvenir sur laquelle il n'y a aucune trace de notre jeune
écolière . Il s'agit probablement d'une autre photo qu'il ne m'a pas
envoyée.
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (13/12/2012 22:12) :
Commentaire de J.C. Borrel : « Cher Said . J’ai fini par trouver la page
dans ce site un peu compliqué pour moi . Le mieux , lorsque tu veux
m'orienter vers une page , c'est de me donner le lien , en l'occurrence
:http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/vip/rubrique/6590
2_90.html
J'ai donc pu apprécier ton article et je suis suis content que nous
militions ensemble pour rappeler ce que fut le rôle des femmes durant la
guerre d'indépendance . Ce rappel il faudra le renouveler car ,tant en
Algérie que dans les autres pays du monde , la place et le statut des
femmes ne sont pas assurés du tout . Il suffit de constater : a/ la
résurgence des formes les plus réactionnaires dans les trois religions
monothéistes
b/ et, conséquemment, le retour à une conception inégalitaire des rapports
des genres dans des espaces sociaux qui, sans investir des pensées
religieuses authentiques, se réclament d'une différence toujours en faveur
du masculin. Et les "anciens combattants " ont une fâcheuse tendance à
"oublier " que leurs compagnes ont pris des risques considérables dans ce
combat et ce, d'autant plus, que les menaces de répression à leur égard
étaient plus terrifiantes qu'une embuscade aussi meurtrière soit-elle .
J'exprime là, tu t'en doutes , un point de vue qui constitue pour moi un
repère éthique que j'ai bien du mal à faire vivre dans mon quotidien … Je
suis hélas le produit d'une petite bourgeoisie qui ignorait le travail des
femmes . Je m'afflige chaque jour de n'avoir rien inventé dans ce registre
et n'avoir réussi qu'à reproduire (voir la compulsion de répétition chez
Freud ) ce que fut la vie de mon propre père . Deux boulots pour vivre un
peu mieux, une femme qui élève les enfants, une fuite devant cette
difficulté masculine d'élaborer un dialogue paritaire. ..Je n'ai pas su
tirer toute les leçons de ce que m'ont appris les femmes d'Ighil Bouamas et
de Bouadnane . Merci encore . Promets moi de me faire suivre les liens
permettant d'accéder à "saïdouiza" . jcb . »
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Oranaise (21/12/2012 16:36) :
Excusez-moi de faire intrusion dans un échange "privé" mais ma curiosité
, trop forte ,ne me laisse pas le choix . Je dois d'abord saluer
l'intervention de JC Borrel en espérant qu'il y en aura beaucoup d'autres
et qu'il sera disponible à répondre aux questions que nos nombreux amis ne
manqueront pas de lui poser .Etre d'extraction Bourgeoise ne constitue pas
, je crois , un handicap pour militer pour telle ou telle cause Et puis
nul n'a choisi ses parents .Ceci étant , les femmes doivent elles-mêmes
arracher leurs droits et à mon avis il n'y a pas d'autres voies .Les choses
évoluent lentement et pour s'en convaincre il faut se référer , par
exemple , au droit de vote des femmes en France , obtenu le 21 avril 1944
( Alger , gouvernement provisoire du général De Gaule ).
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