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On a affamé nos populations !
par Saidouiza

C’était la période du ravitaillement , de l’embargo alimentaire sur la Kabylie . Il n’y avait ni semoule , ni café , ni sucre …. , aucune denrée de première nécessité n’était disponible ... « Il faut couper les vivres aux villageois qui nourrissent les Fellaga ! » avaient décidé les autorités françaises obligeant ainsi femmes et enfants à se rendre à pied ou à dos d’âne dans les villages voisins , occupés par les militaires , pour y chercher leurs maigres rations alimentaires …
Déjà usé par les corvées quotidiennes dont le transport de l’eau , l’âne de la famille ( de Saïd ), de retour « d’une mission de ravitaillement » tomba de fatigue au beau milieu de la route . On préserva la précieuse charge qu’il transportait et , à contre cœur , on laissa sur place la malheureuse bête effondrée et agonisante qui fera , la nuit venue , le bonheur des chacals dont on disait qu’ils étaient eux aussi affamés … Très secouée par cette triste fin , Grand-mère qui , ce jour –là , avait « emprunté » le vieux baudet , appréhendait la réaction de la famille à qui elle devait fatalement des explications . … Grand-mère était une femme d’une bonté et d’une grandeur inimaginables . Elle arrivait souvent à se débrouiller un peu de café par-ci , un peu de semoule par-là … juste pour faire plaisir à sa fille et à ses petits-fils. ..
Commentaire de saidouiza (25/01/2013 23:52) :
Merci Hamid pour cette belle image. Notre ahanou (ahanou atihia) est aussi
vide que le vôtre. La photo a été prise par Jean Claude Borrel en 2006.
Voilà donc Saïd, les bras croisés, en train de méditer. Aujourd'hui j'ai
construit une petite maison là-bas, sur la route, ma femme Ouiza qui est
née pourtant là-bas et y a vécu jusqu'à 16 ans, me dit "tu es fou, est-ce
que tu vas vivre là-bas, tu as jeté tes petites économies par la fenêtre".
Dites-moi ce que vous en pensez.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (26/01/2013 12:50) :
Bonjour Said . Personnellement je pense que tu as parfaitement bien agit
en construisant une petite maison au village . Toutes mes félicitations !
J'aurais fait comme toi si j'en avais la possibilté et dix ans de moins .
Une petite maison là-bas , un refuge sur la terre de nos ancêtres pour de
fréquents ressourcements pour tous les membres de la famille ... ça
serait parfait ! Je garde l'espoir de voir un jour le retour en masse ,
même pour quelques jours seulement ( et de temps en temps pour les jeunes
), de nos concitoyens . Bon courage !
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Oranaise (26/01/2013 16:24) :
Azul à tous . D'abord je voudrais demander à Said de situer dans le temps
ce blocus alimentaire imposé à notre région et ensuite de nous dire quels
étaient les villages occupés où devaient se rendre les vieilles pour le
ravitaillement ( Ighil Bouamas n'était-il pas lui-aussi occupé ? ). Après
Hamid , je voudrais féliciter Said pour sa sage décision de se faire
construire une petite maison au village . Je reste convaincue que ni son
épouse , ni ses enfants ne regretteront cette initiative . Qui vivra verra
.
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Commentaire de saidouiza (27/01/2013 00:03) :
Ce n'est qu'en 1959 qu'un poste militaire a été installé à Ighil Bouamas,
sinon avant les militaires venaient seulement faire des ratissages avec
toutes les exactions qui s'en suivaient. C'est avec l'installation du poste
militaire que l'école a été rouverte mais cette fois pour filles et
garçons, dans une même salle et même classe, la première fois que les
filles d'Ighil Bouamas vont à l'école. A chaque chose malheur est bon
dirait-on. En 1958 c'était l'embargo sur le village. On allait
s'approvisionner à Bouadnane et Tassaft. Je sais que les Ait Ouabane et
Tala N'tazert étaient déménagés à Bouadnane pour qu'ils ne servent pas de
couverture aux moudjahidine. Ighil Bouamas était pilonné à partir des
villages d'en face occupés par les militaires, car les moudjahidine
venaient la nuit dans le village pour se nourrir. Il faut dire qu'après
l'installation du poste militaire et l'encerclement du village avec du
barbelé, les ratissages et pilonnages avaient pris fin. J'ai quitté le
village en 1960 pour Oran où j'ai vécu la sinistre période de l'OAS. Je
suis revenu dans le village en 1963 où j'ai retrouvé la même peur qu'avant
avec les événements FFS. Saïd
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Commentaire de saidouiza (31/01/2013 01:33) :
Les enlèvements rapportés chaque matin dans les journaux durant la décennie
noire rappellent à Saïd les cinq braves femmes de son village, arrêtées en
1959 par l’armée coloniale. Elles ont disparu depuis et ne sont plus
reparues dans le village. Ces femmes de la montagne, à la beauté naturelle,
ne dépassant pas la trentaine, préparaient couscous et galette aux
moudjahidine qui les attendaient dans les champs lointains, à l’est du
village, là où elles ne courraient pas le risque d’être repérées à partir
des postes militaires installés sur les crêtes des versants opposés.
Quelques mois plus tard, on entendit dire que des mèches de leurs cheveux
avaient été retrouvées dans un vieux puits. Le village n’a pas construit de
stèle à leur mémoire. Il n’y a aucune stèle au village, il y a seulement
des tombes recouvertes de dalles de pierre. Considère-t-on que le village
tout entier est une stèle, il n’y a rien à sacraliser ou à momifier ?
L’une des cinq femmes est une parente à Saïd. Elle était fille unique et a
laissé une fille-unique.
« Honneur aux femmes, à leur beauté, à leur courage, à leur travail et à
leur juste cause. », disait fort justement Kateb Yacine.
« Au total les femmes supportent durement le poids de la guerre, on les bat
comme les hommes, on les torture, on les tue, on les met en prison. »,
écrivait en 1959 dans son Journal Mouloud Feraoun. Il disait aussi dans le
même chapitre : « Quand ça arrêtera, les survivants savent qu’elles ont
tous les droits, de même qu’elles ont eu à assumer toutes les obligations,
toutes les servitudes, toutes les humiliations, toutes les souffrances. La
question est de se demander s’il en restera car on est en train de nettoyer
le djebel de ses éléments les mieux enracinés, les plus endurcis, les plus
représentatifs, en somme les seuls valables. »
A juste titre, Boudiaf a dit : « Il y a un seul homme dans ce pays, c’est
une femme. »
Saïd
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Commentaire de Tassadit (07/02/2013 17:00) :
Oui Said feu Boudiaf QREP , a dit : " ...il n'y a qu'un seul homme dans
ce pays , c'est une femme ..." Il a dit celà dans un contexte bien connu et
sur lequel , je pense ,qu'il ne faut pas revenir ,du moins pour le moment .
En tout cas merci à tous ceux qui apportent leurs contributions pour
aider les générations actuelles à mieux comprendre les combats menés par
leurs aînés pour qu'elles vivent aujourd'hui libres .
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