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Souvenirs d’écolier .
Saidouiza
Les deux premières années que Saïd passa à l’école d’Ighil Bouamas , avant qu’elle ne soit brûlée en 1956 , n’étaient pour lui qu’un rêve avec de rares souvenirs…et , dans le feu de la guerre , il oublia le peu qu’il y avait appris . L’école française étant incendiée, il fallait trouver quelque chose d’autre aux écoliers pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes. Le nationalisme aidant , le père de Saïd et un de ses amis , ainsi que d’autres notables du village décidèrent alors d’organiser pour eux des cours d’arabe . Un ami de la famille , connu pour être un homme pétri de qualités , prit en charge l’équipement de cette future « madrassa » . Et ce fut ainsi qu’une école « moderne» avec ses tables , ses cahiers , ses encriers , ses plumes , son tableau et sa craie fut créée à l’intérieur d’une grande salle qui faisait office de mosquée . Le niveau en arabe était le même pour tous , jamais auparavant cette langue n’a été enseignée au village. Là aussi, comme pour l’école indigène, les garçons seuls y étaient admis. Les cours étaient assurés, sous bonne garde et à l’insu des militaires, par un notable du village issu d’une famille maraboutique. Les élèves apprirent beaucoup de leur maître, y compris la prière et les chants patriotiques. ( Le maître a été un élève de Cheikh Ben Badis à Constantine, chose qui était rare et fort appréciée à l’époque). Lorsque les militaires français étaient venus s’installer dans le village en 1959 , ils mirent filles et garçons à l’école , ensemble dans une seule et même classe. Ils firent passer un test aux enfants et , sur cette base, décidèrent de les classer tous au même niveau . Saïd se rappelle ce jour, il ne pouvait même pas lire l’alphabet. Il avait oublié, au cours des premières années de la guerre, tout ce qu’il avait appris dans sa première école indigène

Ecoliers à Ighil Bouamas - 1960 ( photo Borrel)
Saïd se rappelle son livre de classe , il aimait souvent revoir la page où il était écrit : « Saïd jette sa calotte ! » , « Ali va à l’école, tête nue ! » La calotte était bien ancrée dans la vie de la société algérienne , particulièrement en Kabylie. On pouvait penser que derrière ces expressions du livre colonial, il y avait une velléité d’assimilation mais la réalité n’était pas exactement celle-là . l’assimilation ne pouvait s’accommoder avec l’extrême pauvreté qui frappait la société indigène .« La vérité historique est là et ne peut être nulle part ailleurs. » écrivait en 1943 un membre du Manifeste du Peuple Algérien.
Commentaire de saidouiza (26/05/2013 22:48) :
Quel sourire qu'ont ces enfants angéliques gardés par des militaires!La
misère qu'ils vivaient ne les affectait en rien, bien au contraire elle
leur donnait un goût à la vie. Ils s'amusaient et piaffaient à tue-tête.
Marcher pieds nus en plein hiver sur des cailloux était pour eux chose
normale. Inconscients peut-être, mais ils comprenaient ce qu'enduraient
leurs parents vis-à-vis de la violence coloniale. Tout homme d'un âge mûr
était pourchassé, tué. Les femmes aussi. Voilà la réalité douloureuse que
notre région a vécue. Rendons hommage à notre région mille fois même si
cela ne suffit pas.
Saïd
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Commentaire de unancien (27/05/2013 16:06) :
Azul fellawen . J'ai lu avec intérêt l'article de notre ami Saidouiza (
Souvenirs d'un écolier ) et j'ai une petite remarque à faire : " affirmer
que la langue arabe n'a jamais été enseignée auparavant , vers les années
1956/57 " , me parait invraissemblable d'autant plus qu'il existait au
moins une famille maraboutique et une mosquée au village d'Ighil Bouamas .
Je crois que les écoles coraniques etaient ouvertes , pour certaines
d'entre elles , bien avant l'arrivée des français dans la région .Bon
courage et continuer à parler du passé .
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Commentaire de ahcene (28/05/2013 19:25) :
les écoles coraniques ont existés avant la revolution .on les a evoquées
dans notre blog.je me rapelle que j'ai etudié chez si said ath
aissa(qrep)dans les années 50 au vllage.
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (29/05/2013 15:45) :
Salut tout le monde . Les écoles coraniques ont toujours existé chez nous
et depuis très longtemps . Si Said Ath Aissa et Sidi L'Mouloud Ath El
Houari, qrep , furent probablement ( à vérifier , je n'ai pas
d'informations fiables ) les derniers à avoir enseigné le coran aux enfants
d'Ath Ali Ouharzoune . J'ai même entendu dire qu'avant l'arrivée des
français en Algérie il y avait une sorte de " médersa " , installée dans
les locaux de la mosquée et qui dispensait des cours à des étudiants venus
d'un peu partout et pensionnaires chez quelques familles du village . Et
pour faire fonctionner cette "médersa" il fallait certainement des érudits
dans les sciences religieuses ... ( informations à vérifier ) Maintenant
concernant l'affirmation de notre ami Said du village d'Ighil Bouamas , je
pense qu'il a voulu dire que la langue arabe n'a jamais été enseignée
auparavant avec des méthodes et des moyens modernes ,selon les critères
établis par l'association des Oulamas : tables , tableau , cahier , craie
... et apprentissage méthodique avec des techniques modernes .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de saidouiza (30/05/2013 23:50) :
Nous avons peut-être tous raison mais moi depuis que je suis né (en
1947)jusqu'à l'incendie de l'école indigène d'Ighil-Bouamas en 1956 je n'ai
jamais entendu parler d'enseignement en arabe, même pas coranique. Après
l'incendie de l'école, les génies du village dont mon père, avec tous les
risques que cela comportait, ont organisé des cours d'arabe pour les
enfants afin de les entretenir. Fort heureusement il y avait au village
Cheikh Ouali, un élève de Cheikh Ibn Badis de Constantine, qui a fini sa
vie à El-Biar (Alger)quelques années après l'indépendance. Vous vous
imaginez! Je disais dans mon article précédent, on étudiait l'arabe
moderne, il n'y avait pas la louha ni le bâton de deux mètres dressé sur
nos têtes pour nous taper dessus chaque fois qu'on se trompait. Je raconte
la réalité que j'ai vécu, ni plus ni moins. On ne s'imagine pas la grandeur
de notre région. Combien d'hommes valeureux ont sacrifié leur vie dans
cette région et pour cette région. Par leurs faits d'armes, Alger n'est
rien à côté de la commune d'Iboudrarène ou d'Akbil. Réveillons-nous!
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (02/06/2013 21:55) :
Commentaire de JCL Borrel :
Cher Monsieur,
Je vous remercie d'avoir bien voulu me donner toutes ces informations qui
me permettent, du fait de mon handicap visuel, d'accéder au site
remarquable et souvent émouvant d'Aït Ali Ouharzoune pour un ex-occupant à
Ighil Bouamas puis à Bouadnane qui garde un souvenir intact et douloureux
de ces années 60 où vous combattiez pour votre Indépendance . Je demeure
profondément admiratif du courage et de l'intelligence des habitants de ces
villages dont les femmes ont porté la responsabilité pendant ce terrible
moment où les jeunes et leurs aînés étaient au maquis.
Cordialement .
JC borrel
site kabylie 60 : http://jcbkab.pagesperso-orange.fr/
blog algérie 2006 : http://jcborrel.blog.lemonde.fr/
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Tassadit (06/06/2013 15:51) :
Regardez les yeux pétillants d'intelligeance de ces jeunes écoliers ! Je
me souviens qu'à l'école , en ville et dans les années 1950 , mes
camarades Algériennes et moi-même on se faisait un point d'honneur pour
battre les autres camarades Françaises malgré parfois des comportements
douteux de certains enseignants. Au moins à l'école nous étions meilleurs
qu'eux . Je continue de croire que le bon Dieu a doté l'Algérien d'une
intelligeance supérieure .Je ne suis pas raciste .
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