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Le témoin du petit village
Saidouiza
Un hommage à un jeune homme d’ Ighil Bouamas ( qui vous sera présenté ultérieurement ) : il avait fait l’E.P.S. de Tizi-Ouzou et était chargé du secrétariat du Centre municipal que présidait mon père , tout en militant au sein du M.T.L.D … Lorsqu’il prit le maquis , les militaires sommèrent tous les habitants du village d’aller se terrer dans les champs avant le bombardement de sa maison, à partir du poste installé sur la crête d’ Ath Ali Ouharzoune ,
Ma famille , qui habitait à deux cents mètres en contrebas du village devait, elle aussi , se mettre à l’abri , mais un problème de taille s’était brutalement posé : mon père hébergeait une parente paralysée et son évacuation à travers les ravins ne sera facile .. . La vieille dame comprit vite la situation et mit rapidement tout le monde à l’aise, en refusant catégoriquement de quitter son lit… Très courageusement , une nièce sourde- muette qui , ce jour-là , était présente à la maison , accepta de lui tenir compagnie . J’avais aussi peur pour nos animaux domestiques . Qui s’occupera d’eux si , par malheur … ? . Depuis quelques jours déjà , on prenait rarement le risque de les conduire dans les champs lointains où l’on pouvait trouver à profusion de l’herbe . Que faire , sinon implorer les saints du village ?

Abreuvoir, Ighil Bouamas, 1960. photo Borrel

Le même abreuvoir, Ighil Bouamas, 2006. photo Borrel
A la mi-journée un silence inquiétant , angoissant que seules les stridulations des cigales dérangeaient par intermittence , enveloppa le village que ses habitants venaient de quitter …. On s’était , tous ensemble, réfugiés dans un ravin , près d’une vieille source aménagée par nos aïeux . Et puis brusquement , des obus commencèrent à siffler au-dessus de nos têtes n’augurant rien de bon et stoppant net même le gazouillement des oiseaux . Le bombardement dura plus d’une heure . Les montagnes toutes proches répercutaient , à l’infini , l’écho des déflagrations , rendant la situation encore plus sinistre ….
La famille attendit un long moment après l’arrêt des tirs, avant de se décider à revenir à la maison Dieu merci , la femme paralysée et la sourde-muette étaient indemnes . Les bêtes aussi : l’âne , la mule , les deux vaches , la belle génisse d’un rose rare , les deux brebis , la chèvre à lait , la chatte et les quelques poules et lapins . Quant à la paire de bœufs de labour, elle ne faisait plus partie de « l’effectif » depuis quelques temps déjà . Depuis le début de la guerre, on ne labourait plus.
Une fois de retour au village , inquiets et les visages blêmes , visages d’enfants de la guerre , nous allâmes contempler l’œuvre de l’armée coloniale , un spectacle de désolation …. J’étais présent pour en témoigner , un jour peut-être .. . , les tirs étaient précis mais l’édifice construit avec des pierres rouges de notre montagne était resté fièrement debout … à suivre
Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (11/06/2013 15:50) :
Bonjour Said . Témoignage poignant qui nous a fait revivre une époque
faite d'injustices , de barbaries , de peurs , d'angoises ,une époque qui
nous a traumatisés ...et que les nouvelles générations , Dieu merci , n'ont
pas connue ... Pour mieux faciliter la lecture de ton article , il serait
utile de nous indiquer l'année où se produisirent ces évènements et de
dévoiler , si possible , le nom du jeune homme dont la maison fut
bombardée .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de saidouiza (11/06/2013 20:35) :
Au début je ne voulais pas citer de noms, sauf à la fin du récit celui de
mon défunt père,sans autorisation des familles concernées, mais je peux le
faire maintenant.Il s'agit de M'Barek ait Menguellet, dont l'association
culturelle du village porte le nom. M'Barek était connu aussi pour avoir
été un fervent militant berbériste.C'était un compagnon de Amar At hamouda
(Ould Hamouda de Tassaft) M'Barek avait une traction noire, il se rendait
souvent à Oran. Je pense que le bombardement de sa maison a eu lieu en
1957, avant en tout cas l'occupation du village par les militaires fin
58/début 59. La guerre dans nos villages était infernale:survivre à cet
enfer relevait du miracle.
Saïd
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Commentaire de michael1953 (11/06/2013 21:37) :
Bonsoir à toutes et à tous! Cher Hamid, tant de témoignages nous renseigne
sur les souffrances qu'ont subi nos villageois et si un peuple doit avancer
c'est avec son passé qu'il doit construire son futur. Le jeune que tu as
évoqué me semble plutôt poser uniquement un problème de communication. Que
Dieu te donne longue vie et bonne santé pour continuer ce noble travail,
car cher Hamid, excuse-moi de te le dire, tu n'as plus le droit de
t'arrêter. Pour ce qui est de nos amis du blog, il ne faut nous en vouloir
si nous ne tenons pas nos promesses ou si nous ne sommes pas assidu, c'est
à cause de ce que nous fait subir la vie que nous menons. A propos de la
"religiosité" dont tu as parlé, je crois que c'est le FLN qui a décrété la
prière à tout les autochtones pour les différencier des français. A ce
propos, je raconterais cette anecdote pour dérider un peu tous nos amis: Un
jour, un jeune du village remarqua que Da Slimane faisait la prière sans
faire ses ablutions, il le lui fit savoir, alors Da Slimane: écoute, mon
petit, pour le moment, il nous ont dit faite la prière, quand il nous
diront faites vos ablutions, alors je ferais mes ablutions! A bientôt.
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Commentaire de saidouiza (12/06/2013 21:28) :
Pour Hamid: la photo de l'abreuvoir que tu as donnée prise par Borrel est
de 2006 (il n'est plus fonctionnel, ce qui est dommage). Dans celle de 1960
que tu dois avoir aussi -Borrel en a fait une comparaison- on distingue un
vieil homme avec sa belle vache et un âne bien potelé, il s'agit de Ramdane
At Aïssi, un ancien émigré. Il soignait bien ses bêtes et travaillait bien
son lopin de terre.
Saïd
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Commentaire de oranaise (20/06/2013 17:27) :
Surtout n'arrêtez pas d'écrire ! "les petits ruisseaux font les grandes
rivière " . L'histoire de la guerre d'Algérie est l'affaire d'historiens
mais nous, en tant que citoyens d'un village , d'une région, nous devrions
commencer ( un jour peut-être à l'école !!!) par nous intéresser aux
contributions et faits d'armes de nos parents et amis morts pour la patrie
pour garder , gravés à jamais dans notre mémoire leurs noms pour les
honorer , au moins , de temps en temps
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Commentaire de nadiaaitsi (13/07/2013 12:30) :
Bonjour à toutes et à tous,dans les faits marquants de l'histoire,je
voudrais solliciter les anciens qui peuvent nous parler du bal du
dimanche.Le peu que j'en sais me vient d'une femme dont la mémoire est
impressionnante sur le déroulement de certains événements de l'époque
colonniale.Si vous voulez en savoir plus sur l'histoire ,je crois qu'il
faut prendre contact avec elle ,elle se fera une joie de raconter tous les
faits dont elle se souvient .Il s'agit de n'zaina athchallal qui habite sur
le bord de route entre Ait Ali et Tassaft,elle même etait maquisarde à
l'époque et je pense qu'il faut profiter de sa présence(dieu lui prête
longue vie) pour apprendre peut étre des choses qui ne sont pas encore
rapportées jusqu'à maintenant.Quant au bal du dimanche,je sais qu'il se
déroulait tous les dimanches et que la présence de tous les villageois
etait obligatoire.Organiser par les harkis afin d'égayer les soldats
français,il se déroulait de 18h à 21h mais à quel endroit?Je n'en ai aucune
idée.
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (13/07/2013 16:12) :
Bonjour Nadia , quel plaisir de vous retrouver après un si long silence .
Merci pour le "tuyau" que je ne manquerai pas d'exploiter. Et dire que
l'année dernière j'ai accompagné une parente qui lui a rendu visite ( si
c'est elle ?).Elle habitait dans le garage d'une maison située au bord de
la route , après Tachoucht , à gauche , en allant vers Tassaft .En ce qui
concerne "les bals du dimanche " j'en ai effectivement entendu parler ( ils
étaient organisés dans tous les villages de la région ) et je pense que
lorsque j'aurai réuni suffisamment de renseignements j'en ferai un article
.
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (19/07/2013 15:45) :
Renseignements pris ,la dame à qui j'ai fait allusion dans mon dernier
commentaire n'est pas Zaina Ath Challal .Mea culpa . Cette dernière ,
selon les informations obtenues , vivrait dans une maison bâtie sur un
terrain de la famille Ath Hamouda , avec les aides financières de l'Etat
et de l'une de ses filles établie en France ..Il parait, effectivement ,
qu'elle a une mémoire phénoménale ...Que Dieu lui prête longue vie .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de nadiaaitsi (22/07/2013 10:12) :
Plaisir partagé,heureuse de retrouver le site suite à de nombreuses
tentatives de connections qui ont échoués et grâce à MR AIT kAKI j'ai pu
enfin validé mes commentaires.Effectivement la femme dont je parlais n'est
autre que la maman de Tsouma qui vit en France et les subventions que lui
verse l'état ne peuvent compensées à mon avis la perte cruelle de ses 2
enfants (une fille à la fleur de l'âge)et son unique fils .C'est une femme
qui a vécu beaucoup de souffrances et malgrés tout elle réste digne et
humble.Heureusement que sa fille Tsouma est là pour l'aider et la
réconforter.Elle est également venue en aide à ses 2 soeurs ,ses niéces et
ses neveux et je peux vous dire que son combat ,elle l'a mené de front
toute seule et qu'aujourd'hui enfin elle est parvenue à realiser son
rêve.Passez lui un graNd bonjour de ma part si vous lui rendez visite ,je
suis sûr qu'avec elle vous en apprendrez beaucoup en ésperant qu'elle a
encore toute sa mémoire vue son vécu.
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