La mine de Laaziq ( suite )…été 1956
( Voir articles précédents)
Tous ces évènements avaient mis nos nerfs à fleur de peau et exacerbé notre sentiment de révolte envers ces militaires qui se croyaient tout permis , et de surcroît sur nos terres , celles de nos ancêtres …. Nous étions « gonflés à bloc » , prêts à en découdre avec eux , sûrs de notre bon droit.. . Et , je témoigne ici , avec fierté et émotion , près de 60 ans après , que les hommes de notre village avaient fait preuve , à cette occasion, comme d’ailleurs à chaque fois que le danger vient de l’extérieur, malgré les risques encourus , d’un courage extraordinaire et d’une solidarité sans failles . Comme un seul homme ils s’étaient résolument et spontanément opposés au capitaine Bondier et à ses hommes les obligeant à ‘’ reculer’’.
Mais ce ‘’recul’’ n’était en fait qu’une manœuvre , puisque quelques instants plus tard , nous fûmes de nouveau arrêtés au niveau de Tizi Boughoud , à l’entrée du village et parqués sur une aire de battage ( anar n Ath Belkacem ) et rebelote ! Cette fois-ci nous eûmes d’abord droit à des propos ‘‘paternalistes’’ pour nous convaincre des bienfaits de la politique de notre mère patrie la France … et du rôle de ses militaires chargés de notre protection contre ……ces hordes de sauvages qui………. S’étant rendu compte que son ‘’discours’’ n’intéressait personne , le Commandant Talant changea de stratégie en essayant la méthode forte : … interrogatoire mais sans brutalités physiques , brimades , avertissements , menaces , …et en fin de compte , en représailles , un obus fut tiré sur les environs du village. ( Information confirmée par Un ancien dans un de ses commentaires )
Ce tir de canon provoqua immédiatement l’indignation , la colère et la révolte de nos villageois qui ne ratèrent pas l’occasion pour exprimer clairement et tout haut ce qu’ils pensaient vraiment des bienfaits de la politique de la France en Algérie . Des propos vifs , durs et surtout très courageux furent ‘’ jetés’’ à la figure du Commandant . Et cette altercation se termina par une sérieuse prise de bec entre mon père , Mohand Ath Kaki , ancien sergent de l’armée française et le commandant qui, vite fait , cessa de regarder de haut nos villageois dont beaucoup avaient fait leur service militaire dans l’armée française et contribué à la libération de la France durant la seconde guerre mondiale . J’étais présent , j’allais sur mes 17 ans , j’étais fier de mon père mais aussi peur pour lui .
Le lendemain matin , le capitaine Bondier en personne était venu au magasin de la famille ( agarage n ath Kaki ) pour dire à mon père « que certaines vérités n’étaient pas bonnes à dire , surtout en public » et qu’il lui conseillait expressément de quitter définitivement et sans tarder , le village .