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Interception d’un message radio
3 - Interception fortuite d’un message radio émis par le P.C militaire de Tassaft Ouguemoune . Les faits remontent au premier semestre de l’année 1956 , avant la grève des étudiants et lycéens Algériens du 19 mai 1956 , déclenchée par l’UGEMA ( Union générale des étudiants Musulmans Algériens ) . Après quelques « évènements » survenus durant l’année 1955 ( voir articles précédents … plus rien ! à part de petits sabotages de lignes téléphoniques … et l’exécution de ‘‘ traîtres ‘’ . Remarque : mes écrits sont l’expression d’un témoignage personnel et ne peuvent , en aucun cas , constituer un reportage exhaustif sur tous les faits survenus à cette époque chez nous

Alors que l’armée coloniale consolidait ses positions , sans vraiment , au début, s’en prendre aux populations qui , elles, se demandaient pourquoi ce silence radio de la part des gens de la montagne …, des informations de toutes sortes , colportées de bouche à oreille , circulaient dans les villages , comme par exemple les consignes du front , mais rien de consistant ! .…Les moyens modernes d’information étaient presque inexistants , seuls quelques habitants possédaient un poste radio qui leur permettait de « se brancher » sur les stations étrangères , lorsque celles-ci n’étaient pas brouillées par les services de l’armée . ( On reviendra , peut-être un jour , sur ce sujet , pour parler de la quête d’informations fiables de la part de tout un peuple auprès des médias « neutres » ( Témoignage Chrétien , l’Express , radio Luxembourg , radio Lausanne , radio Prague … et évidemment « Sout El Djazaer , la voix de l’Algérie combattante » ) pour se rassurer et contrecarrer la propagande des autorités coloniales … Ce fut , dans ce contexte , qu’un après-midi , un message radio , émanant du P.C de Tassaft Ouguemoune , fut intercepté , involontairement et de manière tout à fait fortuite . .. à suivre .
Commentaire de unancien (26/12/2012 20:22) :
Merci Hamid de nous replonger dans le passé et ,par la même occasion , de
retrouver de vieux souvenirs . Ainsi je me rappelle parfaitement de cette
époque ( à partir de 1956/57 ? ) lorsque à l'aide de postes tsf à piles ,
le soir, en faisant attention ( les murs ont des oreilles , disait-on,comme
durant l'occupation Allemande de la France ) on recherchait "la voix de
l"Algérie combattante ".C'étaient des moments très émouvants . Je laisse la
suite à Hamid qui a promis de faire un article sur ce dossier .
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (29/12/2012 22:10) :
Salut l'ancien . Je pense que vous et moi sommes de la même génération
puisque nous avons les mêmes souvenirs . Au village nous n'avions pas grand
chose comme moyens d'information ( sauf radio trottoir dans un village sans
trottoirs ). Par contre ailleurs , surtout dans les villes, on pouvait
acheter , lorsqu'ils n'étaient pas censurés , certains journaux , juste
pour y glaner quelques petites informations favorables à la révolution et
bonnes pour le moral ( France Observateur , Témoignage Chrétien , Le Monde
, Le canard enchaîné )., quant aux radios c'était une autre paire de
manche . On y reviendra , promis ,juré .
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Chaque femme a combattu à sa façon.
Saidouiza
Deux jeunes femmes , dont les maris venaient d’être arrêtés au maquis et mis en prison , étaient revenues dans leurs familles au village d’Ighil Bouamas . Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire leur beauté car elles étaient si gracieuses … et si éblouissantes dans leurs habits traditionnels , et au risque d’offusquer les us et coutumes du village , qu’ il était impossible de rester indifférent et insensible devant tant beauté . A chaque descente ( rafle ) des militaires français et de leurs supplétifs , elles s’enduisaient le visage de suie pour ne pas attirer sur elles les regards indiscrets ou malveillants …….

Fillette aux barbelés , photo j.c. Borrel , 1960
A quelques jours de l’indépendance , dans l’attente du retour de leurs maris , en écoutant des chants patriotiques , à travers un poste-radio , introduit pour la première fois au village , et ... comme beaucoup d’autres personnes , la gorge serrée , elles laissèrent couler interminablement leurs larmes , extériorisant ainsi la souffrance et la peur accumulées depuis bien longtemps Et quand vint enfin la fin de la guerre avec la libération toute proche de leurs maris , on les aperçut ensemble , en contrebas du village , en train de se congratuler en se serrant résolument la main , à l’européenne ... C’était une façon bien à elles d’exprimer non seulement leur joie mais aussi leur volonté d’aller vers une vie meilleure tournée vers la modernité et l’émancipation des femmes…… Espoirs naïvement fondés et vite contrariés
Alger était leur ville de rêve , un rêve fou , les Mille et une Nuits ! l’Eden où elles espéraient VIVRE ne serait-ce qu’un seul jour. . .. Après l’indépendance , l’une a vécu à Bouira , l’autre dans une banlieue d’Alger , dans des conditions les plus modestes et parfois les plus dures ….. Ironie du sort , les deux femmes , de la famille de Saïdouiza , portant le même prénom , moururent l’une après l’autre à quelques mois seulement d’intervalles , sans avoir réalisé leur rêve insensé de vivre dans un paradis où tous les Algériens , hommes et femmes , naissent , vivent et meurent égaux .. . Leurs maris sont encore de ce monde et portent encore des séquelles physiques et mentales indélébiles de la guerre.
Commentaire de Oranaise (03/01/2013 20:37) :
Magnifique hommage rendu aux femmes et à leur combat pour la libération du
pays , j'en ai les larmes aux yeux . Bravo Said pour ce témoignage et bravo
pour les mots choisis qui vont droit au coeur .On ne parlera jamais assez
de la participation des femmes dans le combat libérateur que certains
tentent d'occulter . Non , rien de rien , nous finirons par arracher NOS
DROITS comme nous avons libérer notre patrie ... Bonsoir à tous .
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Commentaire de unancien (04/01/2013 19:09) :
Sourire innocent d'une enfant mise en cage . Nos villages étaient
tranformés en camps de concentration , entourés de fils de fer barbelés ,
avec couvre-feu et laisser-passer ... Bonsoir .
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Commentaire de saidouiza (04/01/2013 22:57) :
Merci pour les compliments.Il m'est arrivé de pleurer en racontant ce que
j'ai vécu durant la Révolution au bled. Et lorsque je suis parti à Oran
vers fin 59, je me sentais dans un paradis par rapport à la misère qu'on
endurait dans nos montagne.Vous savez on faisait à pied la route
Ighil-Bouamas/Tassaft pour aller chercher notre ravitaillement, et j'avais
l'impression que c'était tout près, alors que maintenant même en voiture on
a l'impression que c'est loin, et pourtant on prenait le même itinéraire.
Oui beaucoup ne se rendent pas compte de ce qu'ont enduré les femmes
kabyles, j'ai fait mon récit avec beaucoup de réserves, j'ai dit toute la
vérité mais avec des vérités tronquées car entre nous dans les villages on
reste dans les limites de la correction. Il y avait des femmes très braves.
Comme par exemple une des femmes à mon grand père qui nous protégeait de
tout.Une fois (années 70) elle revenait de Tizi-Ouzou par car et elle était
obligée de continuer à pied jusqu'à Ighil Bouamas depuis Bouadnane. Il
faisait déjà nuit. Elle disait que durant tout le trajet une sorte de
souffle la poursuivait, parce qu' elle avait ramené avec elle un morceau de
viande. Moi, à sa place, j'aurai été glacé sur place. Quel courage ! Cette
femme est la mère de Doudouche qui a vécu à Bouira et dont le mari est
toujours vivant. Mais pour l'autre Doudouche qui a vécu dans une banlieue
d'Alger son mari vient de tirer sa révérence il y à peine deux mois. Il a
fini par se parler à lui-même en se regardant dans le miroir.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (05/01/2013 13:32) :
Commentaire de : Oucherif
Une societe ne peut avancer avec la moitié de la population.Ce sont nos
meres, nos soeurs, notre avenir, notre vie. La femme est égale à l’homme.
Je vis dans le pays le plus industrialisé d’Europe, et l’un des plus riches
du monde, Ce grand pays qu'est l’allemagne, est dirigé par une femme, une
femme intelligente, qui a des idées et qui fait avancer le pays à grands
pas. Je souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse année. Oucherif
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (05/01/2013 18:35) :
Je reprends une partie du commentaire de Said où il parle du courage de sa
grand-mère : " ... durant le trajet Bouadnane / Ighil Bouamas , une sorte
de souffle la poursuivait , parce qu'elle avait ramené avec elle un morceau
de viande ....." Cette peur , toute "psychologique " et ce qu'elle
engendre comme représentations angoissantes , vient d'une croyance
populaire répandue dans nos régions , à l'époque , selon laquelle il ne
faut pas transporter de la viande la nuit si on ne veut pas s'exposer à des
phénomènes surnaturels ... Tout cela peut avoir une explication acceptable
( ? ) liée à la présence , dans nos contrées , d'animaux sauvages , il y a
longtemps lorsque les gens voyageaient à pied ou à dos de bête ...
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Interception d’un message radio
Temps nuageux , maussade , atmosphère triste , déprimante , aucune activité n’est possible … , même les écoliers sont privés d’école et cette pluie qui ne cesse de tomber ces derniers jours , accentuant encore plus le sentiment d’isolement de la région Dures sont les journées de mauvais temps au village et sûrement un peu plus pour les femmes qui , dans le froid , la boue et parfois la neige, doivent nourrir hommes et bêtes .…Emmitouflés dans leur burnous , les hommes eux , vieux et jeunes , occupent les Ihouna de quartier ( petits espaces publics couverts) pour commenter les dernières nouvelles ou simplement pour discuter de tout et de rien , histoire de ‘’tuer le temps ‘’….
Ahanou Ouvava ( Ath Amer)
Au ‘’garage’’ n’ath Kaki , sur un banc situé à gauche de l’entrée du magasin , quelques jeunes gens , acteurs ou spectateurs , autour d’un jeu de dames , oublient , pour un moment , leur oisiveté et leur ‘’mal vie’’ pendant que , derrière le comptoir , Mohamed ath Kaki , avec son vieux poste radio à piles ‘’serfe ‘’ sur les ondes à la recherche d’informations …. Et puis , tout à fait par hasard , au milieu de « fritures » et grésillements agaçants , une voix suivie rapidement d’injonctions …chut ! chut ! chut ! … capte l’attention de l’assistance : « …ici le PC de Tassaft Ouguemoune … ordre aux militaires de Tala n’Tazert d’arrêter le docteur Driss Mammari au retour de sa tournée ….. » Pour rappel le docteur Driss Mammeri , des Beni Yenni , était médecin de santé publique très connu et estimé dans toute la région ( voir articles , guerre , page 21 ) .
A ce message radio , émis en clair ( non codé ) et fortuitement capté à l’aide d’un simple poste ( curieux ! ) la réaction fut unanime et immédiate : « il fallait absolument agir vite !.. » On alla chercher mon oncle Boukhalfa ( qui faisait tranquillement sa sieste , Boukha qrep était un très grand dormeur , un véritable loir ! ) pour le charger de la délicate mission d’aller à la rencontre du docteur , avec son camion , un 2,5 T Renault , mission qu’il accomplit d’ailleurs avec succès . Quant à notre sympathique docteur , il disparut de la région pour n’y revenir qu’à l’indépendance ..( On dit qu’il s’était réfugié au Maroc ) .
Commentaire de unancien (17/01/2013 15:11) :
Temps maussade et nuageux..., je crois que les esprits de nos amis sont
engourdis par le froid puisque devenus incapables de concevoir et
d'envoyer le moindre petit commentaire . En tout cas Hamid , avec quelques
mots , a bien décrit l'ambiance triste des "longues" journées d'hiver au
village .Notre brave docteur Mammeri s'était effectivement réfugié , comme
beaucoup d'autres algériens , au Maroc . Azul .
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Commentaire de Oranaise (18/01/2013 16:21) :
La grippe fait des ravages en ce moment et semble même avoir atteint nos
amis du blog . Bon rétablissement à tous ! Les femmes , durant une époque
''révolue'' nourrissaient hommes et bêtes mais aussi participaient
activement aux travaux des champs : cueillette ou ramassage des olives et
leur acheminement jusqu'au village , idem pour le bois de chauffage et le
foin pour les animaux ... A la maison en plus des travaus ménagers
ordinaires il faut ajouter le nettoyage du ''adainin''( ' petite étable
située dans la grande pièce commune ) et le transport dans iqechwwalen (
hottes en roseau ) jusqu'aux champs du fumier et de la litière ... ..., il
faut aussi quotidiènnement aller chercher de l'eau à la fontaine publique
.... Comme dirait notre ami Said , nos femmes ont combattu chacune à sa
manière .
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Commentaire de arezki2 (20/01/2013 16:10) :
Azul à tous . Je rejoins Youcef Adli qui disait lors d'un entretien sur
Berbère TV : " Il ne faut pas trop idéaliser notre société traditionnelle
... On ne peut pas échapper à la mondialisation... , allons donc à la
modernité avec nos traditions ." Voilà un sujet de réflexion intéressant .
La vie dans nos villages avant l'indépendance et même après n'était pas
toujours facile pour tout le monde et , pendant les dernières années de la
guerre de libération , elle était devenue insupportable . Oui, qui parmi
les anciens n'a pas connu notre brave docteur Mammeri et Boukhalfa Ath
Kaki, l'homme sur qui on pouvait compter ?
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Commentaire de saidouiza (20/01/2013 23:16) :
C'est exact, l'Oranaise a vu juste. La grippe mais aussi la morosité nous
gagne. On sent une sorte de "Vouvrak" sur les épaules:on veut crier pour
extérioriser le fardeau que l'on porte mais on ne peut pas.De la tristesse
qui plane, comme planent tiguerfiouine (corbeaux)sur la montagne pour
annoncer la pluie.Les tonnerres grondent, les éclairs se font perçants
lumineux tandis que les foudres s'abattent. La Kabylie est triste, elle
fait mine grise, abandonnée à son seul sort. Elle pleure, seule. Elle se
souvient, elle ne peut pas oublier les cris des femmes, leur sueur, leur
combat, leur peine, leur chagrin. A la fin de chaque ratissage militaire
dans le village,les femmes faisait le décompte des morts et des prisonniers
et le soir on ne mettait pas la marmite sur le kanoun. Le kanoun froid,
rien de plus triste.La prochaine fois je vous donnerai des extraits de
Kateb Yacine et de Mouloud Feraoune sur le combat de la femme.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (21/01/2013 16:39) :
Bonjour à tous . Dans le commentaire de Arezki2 , lire Younès Adli ( et non
Youcef Adli ) . Une question : nos traditions ( dont bq ont disparu )
peuvent-elles constituer un obstacle à la modernité ( et c'est quoi la
modernité ?) ? .
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Commentaire de saidouiza (22/01/2013 01:08) :
Ahanou Ouvava(Ath Amer) est vide. Je pleure ma Kabylie. Nos aïeux se
retournent dans leurs tombes. Pourquoi alors sommes-nous partis là-bas? On
ne connait pas notre itinéraire, pour ne pas dire notre histoire. Cela n'a
rien à voir avec la modernité ou la mondialisation, ce ne sont que des mots
sans importance. La Kabylie est vraiment triste, abandonnée par ses
enfants. La modernité c'est le retour aux sources. Pourquoi alors a-t-on
abandonné celle qui nous a donné le souffle de la vie? Saïd
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