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Souvenirs d’écolier .
Saidouiza
Les deux premières années que Saïd passa à l’école d’Ighil Bouamas , avant qu’elle ne soit brûlée en 1956 , n’étaient pour lui qu’un rêve avec de rares souvenirs…et , dans le feu de la guerre , il oublia le peu qu’il y avait appris . L’école française étant incendiée, il fallait trouver quelque chose d’autre aux écoliers pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes. Le nationalisme aidant , le père de Saïd et un de ses amis , ainsi que d’autres notables du village décidèrent alors d’organiser pour eux des cours d’arabe . Un ami de la famille , connu pour être un homme pétri de qualités , prit en charge l’équipement de cette future « madrassa » . Et ce fut ainsi qu’une école « moderne» avec ses tables , ses cahiers , ses encriers , ses plumes , son tableau et sa craie fut créée à l’intérieur d’une grande salle qui faisait office de mosquée . Le niveau en arabe était le même pour tous , jamais auparavant cette langue n’a été enseignée au village. Là aussi, comme pour l’école indigène, les garçons seuls y étaient admis. Les cours étaient assurés, sous bonne garde et à l’insu des militaires, par un notable du village issu d’une famille maraboutique. Les élèves apprirent beaucoup de leur maître, y compris la prière et les chants patriotiques. ( Le maître a été un élève de Cheikh Ben Badis à Constantine, chose qui était rare et fort appréciée à l’époque). Lorsque les militaires français étaient venus s’installer dans le village en 1959 , ils mirent filles et garçons à l’école , ensemble dans une seule et même classe. Ils firent passer un test aux enfants et , sur cette base, décidèrent de les classer tous au même niveau . Saïd se rappelle ce jour, il ne pouvait même pas lire l’alphabet. Il avait oublié, au cours des premières années de la guerre, tout ce qu’il avait appris dans sa première école indigène

Ecoliers à Ighil Bouamas - 1960 ( photo Borrel)
Saïd se rappelle son livre de classe , il aimait souvent revoir la page où il était écrit : « Saïd jette sa calotte ! » , « Ali va à l’école, tête nue ! » La calotte était bien ancrée dans la vie de la société algérienne , particulièrement en Kabylie. On pouvait penser que derrière ces expressions du livre colonial, il y avait une velléité d’assimilation mais la réalité n’était pas exactement celle-là . l’assimilation ne pouvait s’accommoder avec l’extrême pauvreté qui frappait la société indigène .« La vérité historique est là et ne peut être nulle part ailleurs. » écrivait en 1943 un membre du Manifeste du Peuple Algérien.
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Commentaire de saidouiza (26/05/2013 22:48) :
Quel sourire qu'ont ces enfants angéliques gardés par des militaires!La
misère qu'ils vivaient ne les affectait en rien, bien au contraire elle
leur donnait un goût à la vie. Ils s'amusaient et piaffaient à tue-tête.
Marcher pieds nus en plein hiver sur des cailloux était pour eux chose
normale. Inconscients peut-être, mais ils comprenaient ce qu'enduraient
leurs parents vis-à-vis de la violence coloniale. Tout homme d'un âge mûr
était pourchassé, tué. Les femmes aussi. Voilà la réalité douloureuse que
notre région a vécue. Rendons hommage à notre région mille fois même si
cela ne suffit pas.
Saïd
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Commentaire de unancien (27/05/2013 16:06) :
Azul fellawen . J'ai lu avec intérêt l'article de notre ami Saidouiza (
Souvenirs d'un écolier ) et j'ai une petite remarque à faire : " affirmer
que la langue arabe n'a jamais été enseignée auparavant , vers les années
1956/57 " , me parait invraissemblable d'autant plus qu'il existait au
moins une famille maraboutique et une mosquée au village d'Ighil Bouamas .
Je crois que les écoles coraniques etaient ouvertes , pour certaines
d'entre elles , bien avant l'arrivée des français dans la région .Bon
courage et continuer à parler du passé .
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Commentaire de ahcene (28/05/2013 19:25) :
les écoles coraniques ont existés avant la revolution .on les a evoquées
dans notre blog.je me rapelle que j'ai etudié chez si said ath
aissa(qrep)dans les années 50 au vllage.
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (29/05/2013 15:45) :
Salut tout le monde . Les écoles coraniques ont toujours existé chez nous
et depuis très longtemps . Si Said Ath Aissa et Sidi L'Mouloud Ath El
Houari, qrep , furent probablement ( à vérifier , je n'ai pas
d'informations fiables ) les derniers à avoir enseigné le coran aux enfants
d'Ath Ali Ouharzoune . J'ai même entendu dire qu'avant l'arrivée des
français en Algérie il y avait une sorte de " médersa " , installée dans
les locaux de la mosquée et qui dispensait des cours à des étudiants venus
d'un peu partout et pensionnaires chez quelques familles du village . Et
pour faire fonctionner cette "médersa" il fallait certainement des érudits
dans les sciences religieuses ... ( informations à vérifier ) Maintenant
concernant l'affirmation de notre ami Said du village d'Ighil Bouamas , je
pense qu'il a voulu dire que la langue arabe n'a jamais été enseignée
auparavant avec des méthodes et des moyens modernes ,selon les critères
établis par l'association des Oulamas : tables , tableau , cahier , craie
... et apprentissage méthodique avec des techniques modernes .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de saidouiza (30/05/2013 23:50) :
Nous avons peut-être tous raison mais moi depuis que je suis né (en
1947)jusqu'à l'incendie de l'école indigène d'Ighil-Bouamas en 1956 je n'ai
jamais entendu parler d'enseignement en arabe, même pas coranique. Après
l'incendie de l'école, les génies du village dont mon père, avec tous les
risques que cela comportait, ont organisé des cours d'arabe pour les
enfants afin de les entretenir. Fort heureusement il y avait au village
Cheikh Ouali, un élève de Cheikh Ibn Badis de Constantine, qui a fini sa
vie à El-Biar (Alger)quelques années après l'indépendance. Vous vous
imaginez! Je disais dans mon article précédent, on étudiait l'arabe
moderne, il n'y avait pas la louha ni le bâton de deux mètres dressé sur
nos têtes pour nous taper dessus chaque fois qu'on se trompait. Je raconte
la réalité que j'ai vécu, ni plus ni moins. On ne s'imagine pas la grandeur
de notre région. Combien d'hommes valeureux ont sacrifié leur vie dans
cette région et pour cette région. Par leurs faits d'armes, Alger n'est
rien à côté de la commune d'Iboudrarène ou d'Akbil. Réveillons-nous!
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (02/06/2013 21:55) :
Commentaire de JCL Borrel :
Cher Monsieur,
Je vous remercie d'avoir bien voulu me donner toutes ces informations qui
me permettent, du fait de mon handicap visuel, d'accéder au site
remarquable et souvent émouvant d'Aït Ali Ouharzoune pour un ex-occupant à
Ighil Bouamas puis à Bouadnane qui garde un souvenir intact et douloureux
de ces années 60 où vous combattiez pour votre Indépendance . Je demeure
profondément admiratif du courage et de l'intelligence des habitants de ces
villages dont les femmes ont porté la responsabilité pendant ce terrible
moment où les jeunes et leurs aînés étaient au maquis.
Cordialement .
JC borrel
site kabylie 60 : http://jcbkab.pagesperso-orange.fr/
blog algérie 2006 : http://jcborrel.blog.lemonde.fr/
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Tassadit (06/06/2013 15:51) :
Regardez les yeux pétillants d'intelligeance de ces jeunes écoliers ! Je
me souviens qu'à l'école , en ville et dans les années 1950 , mes
camarades Algériennes et moi-même on se faisait un point d'honneur pour
battre les autres camarades Françaises malgré parfois des comportements
douteux de certains enseignants. Au moins à l'école nous étions meilleurs
qu'eux . Je continue de croire que le bon Dieu a doté l'Algérien d'une
intelligeance supérieure .Je ne suis pas raciste .
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Le village après la grève de mai 1956 .
Et nous revoilà , pour la plupart d’entre nous , après avoir quitté volontairement nos lycées et collèges, de retour au bercail . Nos jeunes garçons étaient privés de cours depuis quelques mois déjà , à la suite de l’incendie des deux écoles du village à la fin de l’année 1955 , quant à nos malchanceuses fillettes elles attendront encore longtemps avant de mettre , pour la première fois , les pieds dans un établissement scolaire , faute d’école cette fois-ci , les mentalités ayant positivement évolué .…
Au village, à la fin de ce premier semestre 1956, il y avait beaucoup de monde et la présence de l’armée dans les parages n’était pas encore devenue pesante . On pouvait y entrer ou en sortir, sans laissez-passer, les commerces étaient ouverts , bien achalandés...et les gens vaquaient normalement à leurs occupations habituelles …Et la révolution alors ? Tout le monde était acquis à sa cause , chacun militait , à sa manière, et on se sentait suffisamment en sécurité pour relayer les informations glorifiant les actions de nos maquisards et de leurs consignes. C’était l’époque où lorsque deux personnes se rencontraient elles commençaient d’abord par s’enquérir des dernières informations du maquis (-dhachou idenane ? -....... aka idenane ). A Sédrata, Dda Saddek Ath Lounis , arrêté par les autorités coloniales , fut envoyé sans procès au Djorf , un centre d’internement parmi tant d’autres implantés en Algérie . Son épouse et ses jeunes enfants se réfugièrent au village .Et pour compléter ce petit tableau je me dois de signaler « ce vent de religiosité » qui avait brusquement soufflé sur le village et probablement sur toute la région . Tout le monde s’était mis à la prière et certains, comme moi , furent contraints d’apprendre quelques versets du Coran transcrits en caractères latins . Quant à l’interdiction de fumer, je préfère ne pas en parler .

Tassaft Ouguemoune
Pendant ce temps l’armée coloniale consolidait le quadrillage de toute la région depuis le poste de commandement installé à côté de la SAS et de la gendarmerie à Tassaft Ouguemoune . Suivront rapidement l’implantation ou la consolidation de bases militaires à Souk el Djemaa , Ath Yenni , Tala N’Tazert ( avec le fameux capitaine Bondier qui par la suite se replia sur le poste d’Ath Ali) , Bouadnane ( Siège actuel de l’APC) , Ath Ali Ouharzoune ( à côté du ‘stade’ et du mausolée de Sidi M’hamed Larbi ) , aux Ouacifs…et plus tard à Ighil Bouamas . Donc du côté de l’armée coloniale on se préparait activement , avec de gros moyens , à des opérations d’envergure de « maintien de l’ordre » et d’intimidations des populations .
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Commentaire de saidouiza (05/06/2013 22:19) :
Merci Hamid pour ces souvenirs indélébiles, que faire contre l'oubli? On ne
doit pas oublier car c'est cette terre qui nous a enfantés. Même si nos
enfants sont nés ailleurs,ils doivent connaître l'origine de leurs parents,
leur rendre hommage; pour les souffrances qu'ils ont endurées tout au
moins.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (06/06/2013 15:07) :
Salut Said . Il faut maintenant se rendre à l'évidence : les personnes de
notre génération qui peuvent encore apporter quelques petites
contributions à l'enrichissement de notre "histoire" sont devenues rares
ou incapables d'écrire ( nos vieilles , par exemple ). Que faire ?Un petit
sondage auprès de nos jeunes révèle un manque flagrand d'intérêt pour les
"choses" du passé .Un visiteur du blog m'a écrit , un jour : " quand
est-ce que vous allez arrêter de nous bassiner avec vos histoires d'un
temps révolu ? "
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Tassadit (06/06/2013 15:36) :
Azul . Excusez mon silence . J'interviens pour apporter mes encouragements
à Hamid , Said , un ancien , Ahcène ...à continuer malgré cette fausse
indifference de nos compatriotes pour "les choses" d'un monde passé .Je dis
fausse indifference parce qu'ils sont heureusement toujours aussi nombreux
à visiter le blog ( hier par exemple ils plus de 230 visiteurs ) Bon
courage !
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Commentaire de ahcene (06/06/2013 18:02) :
bonsoir à tous.pendant que l'armée coloniale consolidait ses
positions,l'ALN-FLN faisait de meme.nous avons relaté dans notre blog les
reunions pour l'organisation du village,le ramassage des armes,le
recrutement des jeunes etc...la population etait majoritairement acquise à
la revolution.
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Commentaire de saidouiza (07/06/2013 22:37) :
Écoute Hamid, ne te décourage surtout pas. Les insanités et commérages ne
peuvent provenir que de ceux qui n'ont rien à faire, les oisifs. De ceux
qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, qui relèvent du moyen
âge.Qu'ils ne lisent pas notre blog et qu'ils démontrent le contraire! J'ai
dit dans un de mes commentaires précédents que l'Algérie à recouvré son
indépendance grâce à nos montagnes. Comment dans ce cas ne pas en glorifier
ces montagnes qui en apparence ne représentent rien mais qui en réalité
sont l'élément fondateur de notre nation et de notre identité? Comment
alors ne pas en parler à tout moment? Nous avons mis "la Révolution dans la
rue et elle a été portée par des millions d'Algériens". Il y a milles
façons de lutter et la nôtre est de passer le témoin à ceux qui vont venir,
grâce à ce que nous permet aujourd'hui l'intelligence numérique. Moi et toi
nous sommes âgés, mais nous sommes jeunes d'esprit et c'est important pour
avancer.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (08/06/2013 15:52) :
Commentaire d'un ancien que j'ai supprimé par inadvertance ( excuses) : "
exact , j'étais présent au vilage en 1956 et il me semble que les camps
militaires de Bouadhnane et Sidi M'hamed Larbi ont été installés plutôt au
deuxième semestre 1956 . Souvenez vous de la mine placée au virage de
Laaziq .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (09/06/2013 21:41) :
Salut l'ancien . Je me souviens parfaitement de la mine enfouie sur la
route , juste après le virage de Laaziq . Il y avait même une autre mine (
information à vérifier) placée au niveau de la nouvelle école en ruines
du coté du mausolée de Sidi M'hamed Larbi ...Oui effectivement ces
évènements ont eu lieu au mois de juillet ( ou août ? ) Je compte faire un
article à ce sujet .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de nadiaaitsi (15/07/2013 14:18) :
je tiens juste à apporter un complément d'information conçernant le groupe
des 04 martyrs abbatus par l'armée française dont mon grand pére allah
irahmou en fait partie.D'aprés le récit de ma grande mére allah irhamha,il
s'agirait si mes souvenirs sont bons de Mr Hadjadj Larbi,Mme Aterkoui
Taous,Mme Yamina Athlhadj et Mr Ait Si Mammar Ahmed,tous les 04 etaient
membres du FLN.Ils avaient pour mission de ravitailler en armes et
nourritures les féllagas qui venaient de nuit chez les Aterkoui.Ils
auraient été dénoncés par un habitant du village.Ils ont été abbatu aprés
avoir été torturé à Tassaft .Personne ne pouvait récuperer leur
corps,abondonner à thighdiouines(je pense )qui ont fait office de repas
aux loups.Je crois que l'endroit etait miné .Les corps ont été inhumé aprés
62 à Tassaft au monument des martyrs.Quant à Mme djouher Aterkoui,une vraie
combattante courageuse qui n'avait peur de rien (d'aprés tjrs les dires de
grd mére)elle serait torturée à mort et personne ne sait qu'est devenu son
corps.Gloire à nos martyrs
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Commentaire de saidouiza (15/07/2013 22:33) :
Chaque récit, chaque évocation de cette région martyre réveille en nous des
souvenirs douloureux. Combien de tortures et de blessures ont subi nos
montagnes? J'ai vu de mes propres yeux des horreurs dans nos villages. En
retour aucun hommage,aucun développement. Pourquoi veut-on mettre la
charrue avant les boeufs : certains disent il faut y demeurer pour voir
ensuite le développement venir. C'est un raisonnement absurde. C'est
stupide. Pourquoi l'Etat ne joue pas d'abord son rôle pour créer les
conditions d'une vie décente, si ce n'est en hommage aux nombreux
sacrifices consentis pour l'indépendance du pays? Un article paru
aujourd'hui dans le journal "Liberté" sur la visite que s'apprête à
effectuer le PM demain dans la wilaya est on ne peut plus clair. Une région
abandonnée, surimposée, tous les ingrédients sont réunis pour la rendre
hostile à vivre.
Saïd
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Commentaire de Oranaise (16/07/2013 16:25) :
Bonjour mes amis du blog .Je suis entièrement de l'avis de Said . Il
faudrait ( mais en fait , quand on dit il faudrait, on désigne QUI ? les
enfants de la région ? l'administration centrale ? la classe politique
locale ? ... , c'est un peu comme l'histoire de la poule et de l'oeuf : qui
a donné naissance à l'autre ? qui va commencer ? ) donc il faudrait créer
les conditions pour un retour , chose que je considère , pour un avenir
proche , improbable . Le retour se fera lentement , volontairement ,
individuellement et peut-être , peu à peu, par effet " boule de neige "
,une fois que les conditions de vie seront meilleures et les moyens
d'existence assurés ...Il ne faudrait pas attendre stoiquement que l'Etat
intervienne , les responsables locaux doivent, c'est pour cela qu'ils ont
été élus , exprimer clairement les besoins des populations, élaborer des
projets bien ficelés et bien étudiés qu'ils devront défendre becs et ongles
auprès de qui de droit . Allez , cela suffit pour aujourd'hui .
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Le témoin du petit village
Saidouiza
Un hommage à un jeune homme d’ Ighil Bouamas ( qui vous sera présenté ultérieurement ) : il avait fait l’E.P.S. de Tizi-Ouzou et était chargé du secrétariat du Centre municipal que présidait mon père , tout en militant au sein du M.T.L.D … Lorsqu’il prit le maquis , les militaires sommèrent tous les habitants du village d’aller se terrer dans les champs avant le bombardement de sa maison, à partir du poste installé sur la crête d’ Ath Ali Ouharzoune ,
Ma famille , qui habitait à deux cents mètres en contrebas du village devait, elle aussi , se mettre à l’abri , mais un problème de taille s’était brutalement posé : mon père hébergeait une parente paralysée et son évacuation à travers les ravins ne sera facile .. . La vieille dame comprit vite la situation et mit rapidement tout le monde à l’aise, en refusant catégoriquement de quitter son lit… Très courageusement , une nièce sourde- muette qui , ce jour-là , était présente à la maison , accepta de lui tenir compagnie . J’avais aussi peur pour nos animaux domestiques . Qui s’occupera d’eux si , par malheur … ? . Depuis quelques jours déjà , on prenait rarement le risque de les conduire dans les champs lointains où l’on pouvait trouver à profusion de l’herbe . Que faire , sinon implorer les saints du village ?

Abreuvoir, Ighil Bouamas, 1960. photo Borrel

Le même abreuvoir, Ighil Bouamas, 2006. photo Borrel
A la mi-journée un silence inquiétant , angoissant que seules les stridulations des cigales dérangeaient par intermittence , enveloppa le village que ses habitants venaient de quitter …. On s’était , tous ensemble, réfugiés dans un ravin , près d’une vieille source aménagée par nos aïeux . Et puis brusquement , des obus commencèrent à siffler au-dessus de nos têtes n’augurant rien de bon et stoppant net même le gazouillement des oiseaux . Le bombardement dura plus d’une heure . Les montagnes toutes proches répercutaient , à l’infini , l’écho des déflagrations , rendant la situation encore plus sinistre ….
La famille attendit un long moment après l’arrêt des tirs, avant de se décider à revenir à la maison Dieu merci , la femme paralysée et la sourde-muette étaient indemnes . Les bêtes aussi : l’âne , la mule , les deux vaches , la belle génisse d’un rose rare , les deux brebis , la chèvre à lait , la chatte et les quelques poules et lapins . Quant à la paire de bœufs de labour, elle ne faisait plus partie de « l’effectif » depuis quelques temps déjà . Depuis le début de la guerre, on ne labourait plus.
Une fois de retour au village , inquiets et les visages blêmes , visages d’enfants de la guerre , nous allâmes contempler l’œuvre de l’armée coloniale , un spectacle de désolation …. J’étais présent pour en témoigner , un jour peut-être .. . , les tirs étaient précis mais l’édifice construit avec des pierres rouges de notre montagne était resté fièrement debout … à suivre
Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (11/06/2013 15:50) :
Bonjour Said . Témoignage poignant qui nous a fait revivre une époque
faite d'injustices , de barbaries , de peurs , d'angoises ,une époque qui
nous a traumatisés ...et que les nouvelles générations , Dieu merci , n'ont
pas connue ... Pour mieux faciliter la lecture de ton article , il serait
utile de nous indiquer l'année où se produisirent ces évènements et de
dévoiler , si possible , le nom du jeune homme dont la maison fut
bombardée .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de saidouiza (11/06/2013 20:35) :
Au début je ne voulais pas citer de noms, sauf à la fin du récit celui de
mon défunt père,sans autorisation des familles concernées, mais je peux le
faire maintenant.Il s'agit de M'Barek ait Menguellet, dont l'association
culturelle du village porte le nom. M'Barek était connu aussi pour avoir
été un fervent militant berbériste.C'était un compagnon de Amar At hamouda
(Ould Hamouda de Tassaft) M'Barek avait une traction noire, il se rendait
souvent à Oran. Je pense que le bombardement de sa maison a eu lieu en
1957, avant en tout cas l'occupation du village par les militaires fin
58/début 59. La guerre dans nos villages était infernale:survivre à cet
enfer relevait du miracle.
Saïd
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Commentaire de michael1953 (11/06/2013 21:37) :
Bonsoir à toutes et à tous! Cher Hamid, tant de témoignages nous renseigne
sur les souffrances qu'ont subi nos villageois et si un peuple doit avancer
c'est avec son passé qu'il doit construire son futur. Le jeune que tu as
évoqué me semble plutôt poser uniquement un problème de communication. Que
Dieu te donne longue vie et bonne santé pour continuer ce noble travail,
car cher Hamid, excuse-moi de te le dire, tu n'as plus le droit de
t'arrêter. Pour ce qui est de nos amis du blog, il ne faut nous en vouloir
si nous ne tenons pas nos promesses ou si nous ne sommes pas assidu, c'est
à cause de ce que nous fait subir la vie que nous menons. A propos de la
"religiosité" dont tu as parlé, je crois que c'est le FLN qui a décrété la
prière à tout les autochtones pour les différencier des français. A ce
propos, je raconterais cette anecdote pour dérider un peu tous nos amis: Un
jour, un jeune du village remarqua que Da Slimane faisait la prière sans
faire ses ablutions, il le lui fit savoir, alors Da Slimane: écoute, mon
petit, pour le moment, il nous ont dit faite la prière, quand il nous
diront faites vos ablutions, alors je ferais mes ablutions! A bientôt.
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Commentaire de saidouiza (12/06/2013 21:28) :
Pour Hamid: la photo de l'abreuvoir que tu as donnée prise par Borrel est
de 2006 (il n'est plus fonctionnel, ce qui est dommage). Dans celle de 1960
que tu dois avoir aussi -Borrel en a fait une comparaison- on distingue un
vieil homme avec sa belle vache et un âne bien potelé, il s'agit de Ramdane
At Aïssi, un ancien émigré. Il soignait bien ses bêtes et travaillait bien
son lopin de terre.
Saïd
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Commentaire de oranaise (20/06/2013 17:27) :
Surtout n'arrêtez pas d'écrire ! "les petits ruisseaux font les grandes
rivière " . L'histoire de la guerre d'Algérie est l'affaire d'historiens
mais nous, en tant que citoyens d'un village , d'une région, nous devrions
commencer ( un jour peut-être à l'école !!!) par nous intéresser aux
contributions et faits d'armes de nos parents et amis morts pour la patrie
pour garder , gravés à jamais dans notre mémoire leurs noms pour les
honorer , au moins , de temps en temps
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Commentaire de nadiaaitsi (13/07/2013 12:30) :
Bonjour à toutes et à tous,dans les faits marquants de l'histoire,je
voudrais solliciter les anciens qui peuvent nous parler du bal du
dimanche.Le peu que j'en sais me vient d'une femme dont la mémoire est
impressionnante sur le déroulement de certains événements de l'époque
colonniale.Si vous voulez en savoir plus sur l'histoire ,je crois qu'il
faut prendre contact avec elle ,elle se fera une joie de raconter tous les
faits dont elle se souvient .Il s'agit de n'zaina athchallal qui habite sur
le bord de route entre Ait Ali et Tassaft,elle même etait maquisarde à
l'époque et je pense qu'il faut profiter de sa présence(dieu lui prête
longue vie) pour apprendre peut étre des choses qui ne sont pas encore
rapportées jusqu'à maintenant.Quant au bal du dimanche,je sais qu'il se
déroulait tous les dimanches et que la présence de tous les villageois
etait obligatoire.Organiser par les harkis afin d'égayer les soldats
français,il se déroulait de 18h à 21h mais à quel endroit?Je n'en ai aucune
idée.
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (13/07/2013 16:12) :
Bonjour Nadia , quel plaisir de vous retrouver après un si long silence .
Merci pour le "tuyau" que je ne manquerai pas d'exploiter. Et dire que
l'année dernière j'ai accompagné une parente qui lui a rendu visite ( si
c'est elle ?).Elle habitait dans le garage d'une maison située au bord de
la route , après Tachoucht , à gauche , en allant vers Tassaft .En ce qui
concerne "les bals du dimanche " j'en ai effectivement entendu parler ( ils
étaient organisés dans tous les villages de la région ) et je pense que
lorsque j'aurai réuni suffisamment de renseignements j'en ferai un article
.
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (19/07/2013 15:45) :
Renseignements pris ,la dame à qui j'ai fait allusion dans mon dernier
commentaire n'est pas Zaina Ath Challal .Mea culpa . Cette dernière ,
selon les informations obtenues , vivrait dans une maison bâtie sur un
terrain de la famille Ath Hamouda , avec les aides financières de l'Etat
et de l'une de ses filles établie en France ..Il parait, effectivement ,
qu'elle a une mémoire phénoménale ...Que Dieu lui prête longue vie .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de nadiaaitsi (22/07/2013 10:12) :
Plaisir partagé,heureuse de retrouver le site suite à de nombreuses
tentatives de connections qui ont échoués et grâce à MR AIT kAKI j'ai pu
enfin validé mes commentaires.Effectivement la femme dont je parlais n'est
autre que la maman de Tsouma qui vit en France et les subventions que lui
verse l'état ne peuvent compensées à mon avis la perte cruelle de ses 2
enfants (une fille à la fleur de l'âge)et son unique fils .C'est une femme
qui a vécu beaucoup de souffrances et malgrés tout elle réste digne et
humble.Heureusement que sa fille Tsouma est là pour l'aider et la
réconforter.Elle est également venue en aide à ses 2 soeurs ,ses niéces et
ses neveux et je peux vous dire que son combat ,elle l'a mené de front
toute seule et qu'aujourd'hui enfin elle est parvenue à realiser son
rêve.Passez lui un graNd bonjour de ma part si vous lui rendez visite ,je
suis sûr qu'avec elle vous en apprendrez beaucoup en ésperant qu'elle a
encore toute sa mémoire vue son vécu.
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