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Témoignage (suite)
Par Hakim AZ.
L’année 1956 . Après l’installation , au village , d’un groupe de soutien aux moudjahidines …( voir article précédent) commencèrent alors les actes de sabotage... A la tombée de la nuit , les hommes , armés d’outils divers , s'interpellaient gaiement pour des actions de sabotage : - couper la route nationale 30 ( entre Azemmour Ihedaden et le virage de Laaziq , aux endroits non visibles à partir du camp militaire de Tassaft Ouguemoun) en creusant des tranchées – scier les poteaux des lignes téléphoniques , etc ... Les informations sur ce qui se passait dans les environs et dans la région circulaient de bouche à oreille, très vite amplifiées par les vieilles …

Au printemps de l’année 1956 deux jeunes gens de chez nous , Youcef Ait Abdelkader et Ouchérif Boussaad , deux militants très engagés , furent tués , à la fleur de l’âge , par les soldats de l’armée coloniale française aux environs de Tachoucht . Youcef et Boussaad , qui n’avaient pas encore bouclé leurs vingt ans sont morts en martyrs, sûrement les premiers de notre village .Ath nirham Rebbi . A suivre …

Tachoucht
Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (26/02/2012 15:48) :
J'ai personnellement participé aux actes de sabotage qui consistaient à
creuser de nuit des tranchées à travers la route ,qui n'était pas encore
bitumée ,...pour empêcher les convois de l'armée de circuler .( C'était
durant le second semestre de l'année 1956 , après la grève générale des
étudiants Algériens ) Le plus marrant dans cette histoire est que dès le
matin les militaires français venaient "rafler " tous les villageois à qui
ils faisaient réparer les dégâts occasionnés la veille ...et "ce petit jeu"
s'était répété plusieurs fois jusqu'au mois de décembre 1956 où les choses
commencèrent à prendre une autre tournure avec le bombardement du garage
n'Ath Kaki .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Témoignage (suite)
Par Hakim Az.

Débuts de l’été 1956 . Arrestation par les militaires de sept hommes de notre village : Mohand Ouramdane Ath lakhal , Chavane Ath lakhal , Mahfoudh Ath Azouaou , Hadj Amar Ath Zaza , Mouloud Ath el Houari , Ramdhane Ath Ouahmed et Sidi Ahmed Ath el Houari. Deux jours plus tard , accompagnés de la vieille Yema Tsou nous nous rendîmes au garage n’Ath Abdeslam à Tizi n’Tassaft , au camp militaire où étaient emprisonnés les nôtres ( sans aucune forme de procès ) pour approvisionner mon oncle Mahfoudh et ses compagnons en café , chéma ( tabac à priser) et vivres . La sentinelle du camp nous rabroua vertement .
Finalement les prisonniers furent transférés à la DST de Tizi Ouzou pour tenter de leur extorquer des informations en utilisant des moyens inhumains ( Torture ) . Libérés , un mois plus tard , ils étaient devenus des loques : les vieux Houari et Hadj Amar ne pouvaient même pas se tenir debout et il fallut utiliser des claies en roseaux ( Idhenyen ) pour les transporter chez eux . Nna Dadiche , dont le frère unique et le mari étaient parmi les prisonniers , fortement traumatisée , fit un accouchement prématuré très difficile , suivi d'une hémorragie qui, peu à peu l'a épuisée et emportée (en décembre 1956).
Commentaire de Oranaise (20/02/2012 15:06) :
Un grand bravo pour toi Hakim AZ ( Je crois deviner que tu es le fils de
Brahim ). Votre contribution est tout simplement excellente . Non seulement
elle retrace un moment de la vie dans notre village mais aussi
"réssuscite" le nom de quelques uns de ses enfants. Encore une fois bravo
On attend la suite .
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Commentaire de unancien (02/03/2012 15:03) :
Comme l'Oranaise j'ai moi aussi deviné qui est Hakim AZ . Ce n'est pas
difficile .Il suffit d'exploiter les informations : " mon oncle Mahfoud ,
Yema Tsou , Nna Dadiche , morte en décembre 1956 ... " Je déduis que tu est
de la grande famille Azouaou . Ceci dit je trouve le récit très
intéressant . Nous attendons la suite et pourquoi pas d'autres
témoignages...
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Commentaire de Kamel1 (09/03/2012 12:12) :
Pour Brahim . Renseignements pris en ce qui concerne les 7 hommes arrêtés
je crois qu'il s'agit de Ahmed ( Hmimiche) Ath Ouahmed et non de son fils
Ramdhane ( Sous toutes réserves) .On m'a affirmé aussi que les
interventions de Dda Aomer Oucherif ont été nombreuses en faveur des
habitants de notre village et que sa première action dans ce domaine a été
les démarches effectuées pour faire libérer nos 7 hommes .
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Temoignage (suite)
Par Hakim Az.
A la djemàa , avant l’exode de 1958 vers des cieux plus cléments , et avant que ne s’installent la suspicion et la peur …, on ne parlait que du capitaine Bondier et de ses « exploits » : exécutions sommaires , sévices corporels , tessons de bouteilles , pendaisons par les pieds …. . Un jour , une jeep avec 04 militaires à son bord , dont un lieutenant , en roulant vers l'école de Tala n’Tazert ( où était installé un camp militaire) fut prise sous le feu nourri des moudjahidines et termina sa course au fond d’un ravin. Ses occupants furent tous tués . Le lieutenant mort ce jour-là dans cette embuscade était , sans doute , issu d' une grande famille française puisque le célèbre hebdomadaire Paris Match consacra un long article à ses funérailles .
Le capitaine Bondier , officier des chasseurs alpins , ne pouvant plus se permettre d'envoyer ses soldats se faire « tirer » comme des lapins , adopta , contraint et forcé, une position de repli . Il ne pouvait mieux trouver stratégiquement que notre village pour installer un poste avancé. Il déménagea le camp de Tala n tazarth pour se fixer à 500m de notre village , du côté du mausolée Sidi Mhamed Larbi , en occupant la nouvelle école ,en partie détruite ( camp codé p 12 ) et la maisonnette/grange de Dda Mouloud Ould Younès (en 1956).

La grange de Mouloud Ould Younes
A partir de 1957 et de plus en plus depuis 1958 , régulièrement, des hommes de chez nous et ceux des villages alentour, qui n’avaient pas où aller pour fuir la région , étaient parqués , comme des bêtes , dans cette maisonnette , pour les besoins de la « stratégie » de l'armée : torturer les jeunes à qui le nidham (l’ALN) avait ajourné l'enrôlement dans ses rangs du fait qu'ils ne s’étaient pas procuré une arme ou commis un attentat pour monter au djebel. , Les services de l'armée sûrement au courant de ces conditions draconiennes des nôtres, négociaient la libération des villageois enfermés et terrorisés contre la constitution d'un noyau de brigade de harka et d'un comité de village ce qui d’ailleurs ne les empêchait pas de faire fusiller des jeunes sur lesquels ils avaient des soupçons .
Avant de libérer tout le monde l'armée réussit à enrôler , par force , pour certains d’entre eux et après les avoir sciemment salis ou compromis auprès de la population , une dizaine de personnes dont un sourd muet et un attardé mental. On plaça ce groupe sous le commandement d'un caporal , que les vieilles appelaient Kavinar Installés au coeur du village , à partir de 1959 , dans une maison désertée par ses propriétaires ces harki entreprirent la « pacification » : couper les grenadiers , bosquets , ormeaux , figuiers , poiriers …, tous les arbres à la périphérie du village ( Timizar) qui pouvaient constituer un danger pour leur sécurité …et bien sûr ces corvées étaient imposées à quelques vieux et autres adultes épargnés par l'embrigadement dans la harka. Sous l'œil vigilant de kavinar ,des pieux furent taillés, à partir d'arbres abattus, pour soutenir les fils de fer barbelés qui allaient faire ceinture autour du village avec deux entrées qu’il faisait ouvrir le matin et fermer l’après-midi … quand il n’y avait pas de problèmes . A suivre.
Commentaire de saidouiza (05/07/2012 02:01) :
C'est fabuleux tout ce que vous racontez là. Je me retrouve dans ces
récits. Je pensais que Ait Ali Ouharzoune était occupé par les militaires
bien avant 1959, car il se trouvait tout près des postes militaires de
Ighil N'sada et Bouadnane (je n'ai jamais fait de différence entre ces deux
villages, d'ailleurs je les confonds souvent)
Les choses se sont presque passées toutes de la même manière dans les
villages de Kabylie. Je sais qu'à Ighil Bouamas (du haut d'Ait Ali on
domine Ighil-Bouamas) les militaires ont installé leur poste, en 59, dans
une maison appartenant à un cheminot de Constantine.
De fil en aiguille nous allons reconstituer un pan de l'histoire récente de
notre région.
A bientôt
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (05/07/2012 17:58) :
Bonjour Hocine et merci encore une fois pour tes contributions très utiles
... Les militaires français étaient installés à proximité de notre village
(Tizi N'tassaft ou " garage n'Ath Abdesslam , siège actuel de l'APC
d'Iboudraren et à Sidi M'hamed Larbi , à
quelques centaines de mètres de chez nous ). dès les années 1956 . Au
village même, les français et leurs supplétifs, ont occupé une maison (
peut-être même deux ) au coeur du village . à partir de 1959 .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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