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Résistances héroiques
Par Saidouiza
Le commentaire d’un ancien ( Un conseil…, chapitre vœux , page 5 ) : «… éviter les divisions qui ont , depuis la nuit des temps , porté un large préjudice à la région et au pays .. » arrive au bon moment pour servir d’avant-propos à une nouvelle contribution de notre ami Saidouisa ( Hamid ) .
La France a mis quarante années , après le débarquement de Sidi Fredj en 1830 , pour s’imposer dans notre région .. Une arrière grand-mère de Saïd , qui vécut jusqu’à l’âge de cent ans , racontait comment les Français étaient arrivés dans le village , alors qu’elle était petite fille . Elle contait aux enfants , le soir au coin du feu , l’épopée d’El-Mokrani et d’autres résistants qui s’opposèrent à l’occupation française ….

Cheikh El Mokrani (1815/1873)-Cheikh Aheddad (1790/1873)
Dans l’ouvrage « Hommes et Femmes de Kabylie » , écrit sous la direction de Salem Chaker , il est rapporté des propos tenus par Taos Amrouche lors une conférence donnée à l’Institut français de Madrid, le 15 novembre 1941 . Taos disait : « Chacun sait que la conquête de la Kabylie - pour ne parler que de mon pays d’origine – a été l’une des plus difficiles que la France ait entreprises . Chacun sait - et je le rappelle ici avec une fierté que je crois légitime - que non seulement la Kabylie a été conquise village par village et rue par rue , mais encore maison par maison… ».

Taos Amrouche ( 1913/1976 )
Pour Taos , le peuple Kabyle porte à la liberté un amour éperdu. Mais elle estime que cet amour « … au lieu de les sauver , les a perdus… il n’a réussi au cours de l’histoire qu’à les faire chaque fois se dresser contre l’envahisseur et lui opposer une résistance obstinée , désespérée , une résistance héroïque mais bien souvent vaine. » Car , pour elle , « Il eût dû les inciter à se grouper , à constituer une nation et les mener à la victoire …Cet amour , au contraire , les a divisés , il a fait d’eux un grand peuple et non pas une nation… » Propos amers tenus en 1941 .
Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (20/08/2013 18:29) :
En cette journée du 20 août , double anniversaire de deux évènements
majeurs qui ont donné ,pour le premier ( 20/8/1955), un nouvel essor à la
révolution et pour le second ( août 1956) une véritable "constitution" pour
structurer d'abord la lutte armée et au-delà le futur Etat Algérien ...,
chaque Algérien se doit de rendre hommage à Zighout Youcef , à Abane
Ramdane et à tous nos combattants de la liberté , gloire à nos chouhada
.Concernant la pénétration des armées coloniales en Kabylie relire les
articles publiés en pages 8 et 9 dans le chapitre guerre .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Commentaire de Oranaise (21/08/2013 18:44) :
Taos Amrouche qrep n'est pas à présenter et , je crois, qu'il faut
interprêter ses déclarations en les replaçant dans le contexte des années
1940 . Saidouisa a lui choisi une date hautement significative ( 20 août )
pour nous inviter à un saut dans l'histoire de notre Kabylie et de ses
grands hommes . Hamid nous renvoie à des textes déjà publiés dans le blog
qui , rapidement , nous décrivent la situation dans notre village autour
des années 1870 , de sa participation à la résistance ,de la venue chez
nous du fils du cheikh Aheddad , etc . C'est bien de faire , de temps en
temps , ces rappels " afin que nul n'oublie " Gloire à tous nos chouhada .
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Commentaire de Kamel1 (23/08/2013 16:38) :
Souvent je me demande comment avec des hommes et des femmes berbères de
très grande valeur , depuis trois mille ans , nous n'avons réussi qu'à
bâtir des royaumes , parfois puissants mais malheureusement éphémères .
C'est tout de même rageant ! Nos grands penseurs devraient nous expliquer
pourquoi .
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Commentaire de saidouiza (01/09/2013 22:19) :
Je suis revenu du bled hier. Il y a quelques figues. De plus en plus de
voitures circulent, des dos d'âne sont installés. Par un simple tonnerre
suivi d'un orage nous avons été plongés dans le noir durant 24 heures.La
coupure a précédé l'orage. Allez-y comprendre quelque chose? On m'a parlé
de phases...
Le centre médical de la commune est cadenassé jour et nuit. J'ai en effet
essayé de m'informer sur la vie là-bas, en cas d'urgence, ne sait-on
jamais. Pour régulariser ma situation avec Sonelgaz, il a fallu que je me
déplace jusqu'à Michelet, ce n'est pas rien depuis souk lejma sauf pour les
cascadeurs. Malheur pour moi l'agence était hors connexion (panne
d'internet). La jeune du guichet me dit de revenir le lendemain. Je lui
réponds spontanément:"vous croyez que c'est facile de venir à Michelet
depuis Ighil Bouamas, avec toutes ces routes crevassées, défoncées,
lézardées et attenantes à des ravins et des précipices qui donnent le
vertige". Michelet est une ville sinistrée, on croirait qu'elle vient de
sortir d'une troisième guerre mondiale, si celle-ci devait exister. L'état
civil et Sonelgaz sont à Michelet alors que le siège de notre Daira est At
Yenni. La ville de Michelet est encombrée. Pourquoi ne pas avoir une annexe
de Sonelgaz dans la commune, ce qui permettra de créer au moins deux
emplois et d'éviter tant de désagréments aux citoyens. J'ai dit tout cela
pour faire cette suggestion qui contribuera à l'animation de la commune.
A souk lejama le commerce est florissant, on fait la queue dans les deux
principales épiceries (ou supérettes)et les deux drogueries qui existent.
Il y a une seule boucherie à ma connaissance et qui est souvent en rupture
de stock. Vous voyez, il y a des créneaux d'investissement juteux dans la
région? Je ne parlerai pas de production, car là c'est une autre question;
à part de rares menuiseries dans la région, c'est le néant. Les services
sont aussi à développer. C'est comme ça seulement que cette région sera
ré-habitée.
Saïd
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Commentaire de aitali-ouharzoune-retour-aux-sources (02/09/2013 18:06) :
Bonjour Said , heureux de te retrouver après ce long silence qui n'est
sûrement pas dû à la chaleur ni au farniete . La construction d'une maison
et toutes les démarches qu'il faut entreprendre ne laissent pas beaucoup de
temps libre , sans compter les crises de nerfs ! Je suis , moi-même ,
revenu du village vendredi 29/8. après un bref sejour . Durant la nuit de
mercredi à jeudi un violent orage et un vent soufflant à plus de 100km/h
ont causé des dégâts : quelques tuiles arrachées ,des arbres déracinés ,
des figuiers fortement secoués et en partie délestés de leurs fruits ... et
, cerise sur le gâteau , une rupture, de plusieurs heures, dans
l'alimentation en courant électrique de toute la région .Je reviens donc du
village assez optimiste, pour une fois, pour l'avenir, vu le nombre de
personnes qui y étaient en même temps que moi et aussi par les nouveaux
chantiers qui " fleurissent " un peu partout ..., certains quartiers sont
en train de changer carrément de "look " ( voir photos ultérieurement ). A
signaler aussi l'organisation d'une wada par les Ath Lounis ( Ait Slimane
) qui a réuni beaucoup de membres de cette grande famille et pas seulement
et l'ambiance créée par cet évènement familial et convivial ... mabrouk !
En traversant le quartier n'Ath Srour je me suis cru, un instant , revenu
aux années d'avant la guerre ( 1954/ 1962), sans bien sûr, les nombreuses
voitures garées le long de la route vers vava Ouchavane . Formidable !
Pour Said : je donnerai plus tard mon avis sur ton dernier commentaire .
http://aitali-ouharzoune-retour-aux-sources.vip-blog.com/
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Une mine antichar au virage de Laaziq

Virage de Laaziq à Ath Ali Ouharzoune
Après l’arrestation , en juillet/août 1956 , des sept personnes (voir articles précédents) et de leur libération grâce à l’intervention de Dda Aomer Ath Cherif , nous pensions que le village allait normalement retrouver sa quiétude d’autant plus qu’il ne s’y passait rien , sauf clandestinement peut-être . Même les cotisations étaient collectées dans la plus grande discrétion depuis l’affaire des faux moudjahidine et de leur extermination , de l’incendie des écoles , de l’exécution de personnes soupçonnées , à tort ou à raison , d’intelligence avec l’ennemi ou pour d’autres raisons ….
Et bien non ! Au contraire et depuis cet été 1956 , nos problèmes ne faisaient que commencer, allant de mal en pis , jusqu’à l’indépendance du pays , en 1962 . Nous savions , par ouï-dire , que des accrochages avaient lieu quotidiennement sur le territoire national, que des mines étaient de temps en temps enfouies sur les ‘routes’ de la région provoquant des pertes aux unités de l’armée française , mais du côté de notre village il ne se passait, pour le moment , rien . Je me souviens qu’un après-midi nous avions même assisté, en direct , à partir de tighilt n Ahmed Amrane, à l’explosion d’une mine antichar au passage d’un convoi militaire , sur une piste , à flanc de montagne ( derrière la crête des Ouacifs ) : une gerbe de flammes , un nuage de poussière et puis le bruit d’une forte explosion… . On savait aussi qu’un véhicule de l’armée avait sauté sur une mine du côté de Tala N’tazert …,
Et puis un après midi de cet été 1956 , au moment où on ne s’y attendait pas du tout tous les hommes du village qui ne s’étaient pas ‘ terrés ’ quelque part , furent , sans ménagement , « raflés » et dirigés , à travers champs , vers le virage de Laaziq , sur ordre du capitaine Bondier . Protestations , palabres ,etc …. pour enfin comprendre que le but recherché par les militaires était de débusquer le présumé poseur d’une mine sur la route, non bitumée, au virage de Laaziq … en s’appuyant sur une dénonciation.. . En fait , et nous l’avions appris plus tard , de graves soupçons pesaient sur la personne de Houhou , un sympathique jeune homme de chez nous , fraichement démobilisé avec le grade de sergent . A Suivre .
Commentaire de unancien (26/09/2013 17:01) :
Merci Hamid de nous rafraichir la mémoire. Exact , j'étais moi-même
parmi les personnes raflées et je crois que c'était la première rafle au
village et il y en aura d'autres par la suite .Je me souviens , qu'excédés
par le comportement des militaires français nous voulions, à un moment
donné , marcher sur cette mine mais on nous a barré la route ... Je laisse
à Hamid le soin de nous raconter la suite .
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M’barek Ath Menguellet
par Saidouiza
Un témoignage d’un homme de lettres , Da Hamou , daté de mars 1990 à propos du propriétaire de la maison bombardée ( M’barek Ath Manguellet , voir article Le témoin du petit village , page 35 ) ) : « C’est en 1935 , à l’école primaire supérieure de Tizi-Ouzou que je l’ai rencontré pour la première fois . Il était interne et fréquentait le cours supérieur où il avait le privilège de recevoir un enseignement de qualité . L’année suivante , il fit son entrée en première année de l’E.P.S . D’une solide formation de base, il devint un brillant élève régulièrement inscrit au tableau d’honneur. J’étais en externat , en quatrième année , classe de préparation au concours d’entrée à l’Ecole normale de Bouzaréa . Par-delà le lien de parenté qui nous unissait , nous nous sommes liés d’une grande amitié . J’étais persuadé qu’il irait très loin dans ses études . On pouvait sans risque d’erreur le situer dans ce petit groupe d’élèves surdoués de la cloche Laplace -Gauss , courbe mathématique des probabilités . Je le quittais dans cette perspective d’espoir en 1937. J’entrai à l’Ecole normale. »
« Quand je le revis en 1941 à Ighil-Bouamas à l’occasion d’une fête familiale , je fus désagréablement surpris , peiné , d’apprendre qu’il avait interrompu ses études au motif d’exclusion . La sanction qu’il avait subie était bien injuste et imméritée. La faute qu’il aurait commise était d’une indigente banalité . Dans un devoir de composition française , il avait développé le thème de la jalousie freudienne . Faisant dialoguer ses personnages, il avait ciblé le professeur avec une certaine note d’humour douce-amère , une dame dont on disait précisément qu’elle était jalouse . C’était tout, rien que cela . Piètre professeur de lettres ignorant le courant littéraire du surréalisme en vogue ! Inhiber la richesse de l’inconscient d’un adolescent , quelle indigence d’esprit , quelle médiocre pédagogie ! Au conseil de discipline , seul mon ancien professeur de français , Monsieur Michel , l’avait défendu avec colère et chaleur , mais en vain. C’est ainsi qu’il a été brisé dans son cursus scolaire non pour sa conduite , mais pour son intelligence précoce ».
« Dès lors qu’il en gardait une grande amertume , une profonde blessure, son engagement politique devenait un exorcisme » . « Je le revis de nouveau en 1946 à Ighil-Bouamas. Il militait activement dans le M.T.L.D . , parti intransigeant , partisan de la lutte armée. J’étais à l’U.D.M.A. parti modéré , partisan du dialogue. Nous procédions souvent à un échange amical d’opinions. Il demeurait toujours aussi résolu dans ses convictions. Sa conclusion était invariable : « Malheur à celui qui croît en la parole de la France . » La seule concession qu’il me faisait, c’était son sourire à fossettes. » à suivre .
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